top of page

Deezer : Une trajectoire financière en redressement, mais un avenir boursier incertain

  • Administrateur
  • il y a 6 jours
  • 4 min de lecture

Une progression continue du chiffre d’affaires

Depuis son introduction en Bourse en juillet 2022, Deezer a connu une croissance régulière de son chiffre d’affaires. Celui-ci est passé de 451 M€ en 2022 à 485 M€ en 2023 (+7,4 %), puis à 541,7 M€ en 2024 (+11,8 %). Cette hausse reflète à la fois la montée en puissance des partenariats (+24 % en 2024) et l’impact positif des hausses de prix sur les abonnements directs.

La marge brute ajustée suit une trajectoire similaire, atteignant 133,7 M€ en 2024 (+21,2 %), avec un taux de marge de 24,7 %, en amélioration par rapport aux 22,7 % de 2023. Ce progrès est porté par un meilleur mix produit (plus d’abonnements directs) et une optimisation des contrats avec les labels.


Réduction des pertes et amélioration de la rentabilité

Deezer a appliqué une discipline stricte en matière de coûts. Les charges d’exploitation ont été réduites, notamment grâce à une stratégie de recentrage géographique. L’EBITDA ajusté s’est ainsi considérablement amélioré : de –56 M€ en 2022 à –29 M€ en 2023, puis à –4 M€ en 2024, frôlant ainsi l’équilibre.

Le résultat d’exploitation, lui aussi, s’est redressé : –27,5 M€ en 2024 contre –64,4 M€ un an plus tôt. Quant au résultat net, il est passé de –59,6 M€ à –26 M€. Pour la première fois depuis des années, le cash-flow disponible est devenu positif : +6,6 M€ en 2024, contre –44,3 M€ en 2023.


Abonnés et ARPU : entre rationalisation et monétisation

Le nombre d’abonnés payants a connu des variations. Après avoir atteint 10,5 millions fin 2023, la base est retombée à 9,7 millions fin 2024, conséquence d’une purge de comptes inactifs. L’ARPU (revenu moyen par utilisateur), après un recul à 46 € en 2023, a rebondi à 56 € en 2024 grâce aux hausses tarifaires.




Un parcours boursier difficile depuis l’IPO

Côté Bourse, Deezer n’a pas convaincu. Introduite à 8,50 € par action, la valeur a chuté dès le premier jour à 6,58 € (–22,6 %). Depuis, le titre a continué à s’effriter, en lien avec un environnement technologique défavorable, une valorisation initialement jugée trop élevée et une concurrence intense. Début 2025, l’action cote autour de 1,3 €, soit une capitalisation d’environ 155 M€, cinq fois inférieure à celle de l’introduction.

Malgré une amélioration des résultats, la valorisation reste faible. Le consensus d’analystes table sur un objectif autour de 2,20 € (soit un potentiel de +65 %), à condition que l’entreprise atteigne enfin une rentabilité durable.


Un positionnement stratégique différencié

Deezer a choisi une approche centrée exclusivement sur la musique, contrairement à ses concurrents qui se diversifient (podcasts, audiobooks). Elle mise sur l’IA pour personnaliser l’expérience utilisateur et renforcer les interactions entre fans et artistes.

Cependant, la société reste un acteur mineur à l’échelle mondiale : 2 % de parts de marché, contre 31 % pour Spotify. Sa position de leader en France (~30 % de parts de marché) constitue néanmoins un socle solide, renforcé par une image de « souveraineté culturelle ».


Déploiement international via les partenariats

La stratégie de Deezer repose en grande partie sur les partenariats B2B. Elle collabore avec des opérateurs et médias majeurs pour s’implanter hors de France, notamment au Brésil, en Allemagne, et aux États-Unis. Ces accords permettent d’élargir sa base d’abonnés et d’améliorer l’ARPU via des offres groupées.

En 2024, les revenus issus de ces partenariats représentaient 31 % du chiffre d’affaires. Cette approche permet une internationalisation progressive, bien que Deezer reste encore trop dépendante de quelques marchés clés.


Maîtrise des coûts et cap vers la rentabilité

Depuis 2022, Deezer a stabilisé ses dépenses de R&D, marketing et fonctions supports. L’objectif est clair : devenir rentable dès 2025 avec un EBITDA et un free cash flow positifs. L’atteinte de l’équilibre opérationnel en 2024 constitue un signal fort. La génération de trésorerie, bien que modeste, ouvre la voie à des investissements maîtrisés.

La direction poursuit une stratégie d’investissement sélectif, sans compromettre sa rigueur budgétaire. Cela lui permet de viser la rentabilité tout en maintenant un positionnement différencié.

Opportunités pour les investisseurs

Le potentiel boursier de Deezer repose sur plusieurs facteurs :

  • Une valorisation très faible qui intègre déjà une grande part des risques.

  • Une amélioration nette des résultats financiers.

  • Une stratégie différenciante fondée sur la musique et la technologie.

  • Des partenariats solides qui soutiennent la croissance sans coût marketing excessif.

  • Une image favorable auprès des artistes avec la mise en avant des paiements « artist centric ».

Mais des risques persistants

Plusieurs menaces pèsent néanmoins :

  • Une concurrence massive de géants mondiaux mieux financés.

  • Un plafonnement possible de la base d’abonnés, voire une érosion.

  • Des choix tarifaires qui peuvent entraîner du churn s’ils sont mal perçus.

  • Un risque réglementaire lié aux contenus générés par l’IA.

  • Une faible liquidité boursière et l’absence de dividendes qui freinent l’intérêt institutionnel.


Conclusion

Deezer est aujourd’hui à un tournant. Les fondamentaux financiers se sont renforcés : chiffre d’affaires en hausse, pertes réduites, cash-flow redevenu positif. Si la société parvient à confirmer la tendance en atteignant une rentabilité durable en 2025, le potentiel de rebond boursier est réel.

Mais l’intensité de la concurrence et la petite taille relative de Deezer dans l’écosystème mondial du streaming limitent ses marges de manœuvre. Pour les investisseurs, le titre représente un pari spéculatif : une opportunité de revalorisation importante si le plan est exécuté avec succès, mais aussi un risque de stagnation si l’avantage compétitif reste insuffisant.




Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page